26 août 2020

The Longing

Au plus profond de la terre, un roi débute un long sommeil afin de récupérer ses forces. Avant de s'endormir, il crée une ombre, un petit être fragile, mais immortel destiné à le réveiller au bout de 400 jours. The Longing nous propose d'incarner cette ombre, tandis qu'elle devra patienter durant plus d'un an, seule et enfermée dans une grotte.

Le concept est donc très simple : pour terminer le jeu, il suffit d'attendre 400 jours. Un compte à rebours occupe en permanence le haut de l'écran et s'écoule en temps réel. J'avoue que j'ai bloqué quelques instants en voyant ça... "Le 399 en haut, c'est vraiment un nombre de jours ?" me suis-je dit. Et bien oui, c'était vrai.

D'ailleurs, lorsqu'on commence à déplacer l'ombre pour visiter un peu les alentours, celle-ci nous explique qu'il est inutile de courir, car, si elle a 400 jours pour explorer cette grotte, autant prendre son temps. Le ton est donné, les déplacements sont ultra lent et tout dans ce jeu est prévu pour calmer nos hardeurs de joueurs aventureux.

Arrivé devant le premier obstacle du jeu, une simple porte, on découvre que son ouverture est loin d'être immédiate. Le jeu est cohérent et exploite au maximum sa mécanique principale : l'attente. Tous les puzzles rencontrés sont ainsi du même type. Un fossé nous bloque le passage ? Il suffira d'attendre plusieurs jours qu'il se remplisse d'eau goutte après goutte. L'ombre ne peut pas sauter dans un précipice ? Il faudra repasser quelques semaines après, une fois qu'une épaisse mousse aura poussé pour amortir sa chute.

Heureusement, le temps s'écoule également lorsqu'on est hors du jeu et on ne nous demande pas de rester le nez devant à tout moment. Une fois la découverte initiale passée, on prend donc rapidement l'habitude de jouer quelques instants, puis de réduire la fenêtre ou de fermer le jeu tandis qu'on va faire autre chose. Notez que la mécanique n'est pas totalement inédite, beaucoup de jeux mobiles utilisent cette stratégie, à savoir nous forcer à attendre pour effectuer d'autres actions. Mais dans ces cas, c'est utilisé pour frustrer le joueur et l'inciter à dépenser de l'argent. Dans The Longing, c'est une mécanique de jeu pleinement assumée, et ça change tout.

En effet, petit à petit, j'ai commencé à développer un rapport un peu particulier avec ce jeu. J'avais l'impression d'y jouer, même lorsque je n'étais pas devant mon PC, car le simple fait que le temps passe permet de s'approcher du dénouement de l'aventure. C'est une démarche très passive qui tranche vraiment avec nos habitudes de joueurs : pour une fois, il ne faudra pas agir pour progresser, au contraire.

Ça ne veut pas dire que le jeu est ennuyeux, bien au contraire, je dirais même qu'il est fascinant. Il y a quelque chose d'hypnotique dans le fait de contempler un personnage aussi calme et j'ai passé plusieurs heures à simplement regarder l'ombre se déplacer en me demandant ce que j'allais bien pouvoir trouver au bout d'un tunnel. L'exploration de la grotte est en effet l'un des gros intérêts du jeu. L'univers est original et on n'a aucune idée de ce qu'on va y trouver au départ. De plus, le fait de devoir attendre des jours, voir des semaines avant de découvrir une nouvelle salle rend chaque nouvelle découverte vraiment excitante.

Tout ce temps nous laisse également l'opportunité de penser à quelle fin nous souhaitons pour notre ombre. Est-ce qu'on va être fidèles et réveiller le roi ? Va-t-on au contraire essayer de braver l'interdit et tenter de sortir de la grotte ? D'ailleurs, c'est la première fois que j'ai pensé à un personnage de jeu vidéo pendant mon temps libre, à cette petite ombre que j'avais laissée à sa solitude et à ses réflexions cyniques pendant que je pouvais vaquer à mes activités.

J'ai eu une petite déception toutefois : la fin du jeu se révèle un peu plate. Une fois que l'on a visité 90% de la grotte, il n'y a en effet pas grand-chose d'autre que quelques puzzles à résoudre, des objets à trouver et quelques crafts à découvrir. Ceux-ci permettent notamment d’accélérer la vitesse à laquelle le temps s'écoule. Ainsi, on finit par disposer de toute une panoplie d'outils permettant de manipuler le temps de façon assez confortable et terminer sans mal tous les succès. Le concept d'attente disparait alors et laisse place à un simple problème d'optimisation qui se révèle bien plus classique. Je crois que j'aurais préféré que l'auteur aille au bout du concept et nous propose une expérience qui se déroule réellement en 400 jours :)

Conclusion

Une curiosité intéressante qui n'occupe pas tant de temps que ça au final et qui se révèle moins vaste qu'elle n'en a l'air au départ, mais que j'ai pris plaisir à découvrir.

The Longing possède un concept original et a le mérite de l'assumer jusqu'au bout.

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