1 avril 2023

Burnhouse Lane

Lorsque j'ai appris que Rem Michalski (Harvester Game) avait sorti un nouveau jeu, je n'ai même pas réfléchi une seconde, je voulais absolument découvrir sa dernière proposition. J'ai en effet parlé de ses 3 précédents titres sur ce blog : Downfall Redux, Lorelai et surtout The Cat Lady, un de mes jeux préférés. Burnhouse Lane était au départ prévu pour être The Cat Lady 2 et après l'avoir terminé, je peux dire que ça n'aurait pas été choquant.

À l'instar de The Cat Lady, Burnhouse Lane est un jeu d'aventure narratif dans lequel on incarne une femme d'une quarantaine d'années ayant perdu l'envie de vivre. Il faut dire qu'elle a des raisons d'être déprimée, car elle souffre d'un grave cancer et son mari est mort de la même maladie. Après une tentative de suicide ratée, elle décide d'accepter une dernière mission en tant qu'infirmière et d'aller s'occuper de George, un vieil homme habitant seul dans sa ferme à la campagne. Globalement, j'ai adoré les personnages. Ils sont intéressants, nuancés et les dialogues prenants ne manquent pas. On est amené à faire de nombreuses rencontres étranges et l'histoire se déroule en partie dans un monde fantastique qui contient des scènes qui ne détonneraient pas dans un film de David Lynch.

Le jeu est bourré de références et on retrouvera beaucoup de sujets déjà abordés dans la trilogie de Harvester Games. On peut notamment citer le cancer, le suicide, la mort, la vieillesse, les addictions… La thématique de la cigarette est omniprésente et est utilisée de façon très intelligente. Les points de sauvegardes sont représentés par des cendriers, ce qui est une idée géniale, car elle provoque des sentiments très ambivalents. D'un côté, ce sont des lieux de réconforts et on est soulagé de les trouver, à l'instar des feux de camp de Dark Souls. D'un autre côté, c'est un rappel permanent du mal qui ronge les poumons de notre héroïne et du peu de temps qu'il lui reste. Je suppose que ce n'est pas le genre d'ambiance qui séduira énormément de monde, mais vous devez savoir où vous mettez les pieds si vous souhaitez tenter l'expérience. Burnhouse Lane, comme ses prédécesseurs traite de sujets difficiles et propose une aventure d'horreur psychologique qui ne se contente pas de montrer du gore et des tueurs psychopathes.

Si vous aimez la violence, rassurez-vous, car les psychopathes et les scènes gores ne manquent pas et elles sont dérangeantes à souhait. J'ai été parfois très mal à l'aise en y assistant, mais je dois aussi dire que j'ai rigolé devant certains passages qui en font un peu trop. Je ne sais pas si c'est l'effet recherché, je ne me rappelle pas avoir ri durant mes parties de The Cat Lady, mais Burnhouse Lane arrive à aller tellement dans l'excès que la violence devient comique. Ce n'est pas plus mal cependant, car les moments qui font retomber la tension sont les bienvenus.

D'ailleurs, le rythme de l'histoire est bien mieux maitrisé que dans les précédents jeux et le gameplay a beaucoup gagné en variété et expérimente souvent. En dehors des énigmes façon point & click et des nombreux dialogues, on trouve notamment une simulation de préparation de sandwich (oui), des combats avec des armes à feu ou armes blanches, et on participe également à d'horribles phases de plateformes... Il est évident que toutes ces idées ne font pas mouche et le moteur ne permet pas de faire des miracles à cause des déplacements trop raides. L'une des scènes finales en particulier m'a semblé particulièrement horripilante et beaucoup de "mini jeux" sont un peu bancals. Ce n'est pas bien grave, car ce n'est jamais très long et on a vite fait de passer à autre chose en oubliant ces petits défauts.

La réalisation a fait un grand pas en avant. Les graphismes utilisent des images en haute définition, ce qui permet des changements de zooms qui confèrent beaucoup d'ampleur aux lieux visités. Les animations sont encore une fois très saccadées, mais les décors sont superbes et proposent de très belles couleurs. La musique est absolument magnifique et contribue largement à générer de l'émotion. L'intégralité des dialogues est en anglais et je ne suis pas assez calé pour dire si les doublages sont convaincants, mais j'ai l'impression que non. Ce n'est pas grave, car c'est suffisant pour les rendre vivants et ce mélange de beauté et d'amateurisme apporte toujours une identité très unique aux jeux de Harvester Game.

Conclusion

C'est probablement le meilleur jeu de Harvester Game. La réalisation est bien plus aboutie que les titres précédents, le rythme est mieux maitrisé, l'écriture est globalement excellente et l'horreur est bien présente.

J'ai plusieurs critiques concernant certains choix de thématiques ou certaines phases de gameplay. Mais elles sont dérisoires face aux émotions que m'a provoquées ce jeu. Il a su immédiatement me captiver de bout en bout et m'a laissé avec de nombreux moments mémorables en tête.

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