Comme vous le savez peut-être, je suis toujours très client des jeux Life is Strange ! Mais c'est avec une certaine méfiance que je me suis approché de Double Exposure. En effet, j'en avais entendu beaucoup de mal et je n'en espérais pas grand-chose. Et au final, qu'est-ce que j'en ai pensé ?
Débuts prometteurs
Bonne nouvelle, tout n'est pas à jeter ! Loin de là d'ailleurs, car le début du jeu m'a énormément plu. Les 2 premiers chapitres sont vraiment excellents. Ils nous permettent de prendre notre temps, d'explorer ou de discuter à notre rythme. J'imagine qu'on pourrait trouver ça un peu mou. Pour ma part c'est exactement ce que je recherche pour démarrer un nouveau Life is Strange, surtout lorsqu'on aborde une histoire complètement nouvelle.
On y incarne à nouveau Max, et je me suis rendu compte qu'elle m'avait manqué. Dans cet opus, elle est plus âgée et est devenue une jeune adulte. Elle s'est installée dans une nouvelle ville après avoir beaucoup voyagé et enseigne désormais dans une université privée. J'aime beaucoup ce qu'ils ont fait de ce personnage et j'ai apprécié découvrir cette version plus mure et plus indépendante. Car oui : au grand regret de certaines personnes, Chloé ne sera pas présente dans cet épisode. C'est d'ailleurs à nous de décider de ce qui s'est passé lors du premier Life is Strange durant un dialogue où Max évoque son passé.

Nouveaux amis
Pas de Chloé donc, mais une école complètement différente à découvrir. Et c'est ici qu'on commence à entrevoir les premiers soucis. Beaucoup de personnages sont intéressants, mais à part Max, j'ai trouvé qu'aucun n'était réellement réussi. Les nouveaux amis de Max sont vraiment sympathiques, mais ils m'ont également paru assez bâclés. Moses est vraiment l'ami dont on peut rêver, mais j'ai trouvé qu'il n'avait pas vraiment d'arc narratif, il est juste là pour être attachant et utile. Et pour Safi… Et bien, je ne vais pas pouvoir donner mon avis sans spoiler, donc je vous laisserai vous faire le vôtre !
Quant aux nombreux personnages secondaires, certains sont volontairement ambigus dans leurs intentions, pour créer un peu de suspense sur l'identité du réel antagoniste. De plus, je trouve qu'ils manquent tous de développement… J'aurais aimé en savoir plus sur la société secrète Abraxas, sur le passé tumultueux de Gwen ou sur l'origine de cette curieuse université. Pire encore, certaines motivations ou réactions n'ont parfois aucun sens. Je n'aime vraiment pas qu'on nous apporte des conflits un peu artificiels juste pour remplir le scénario. Et à l'inverse, certains moments importants se déroulent hors caméra, tandis que des personnages disparaissent littéralement du jeu !

La tempête est de retour !
Ce qui m'amène à un autre point : l'histoire. N'y allons pas par 4 chemins, elle est ratée… Il y a plusieurs problèmes et le premier est qu'il n'y a pas vraiment d'explication convaincante sur tout ce qui se déroule. Si vous avez eu du mal avec le 5e épisode de Life is Strange (comme moi), vous allez détester ce jeu ! Et le deuxième souci, c'est toujours la même chose : le surnaturel. J'ai l'impression d'en parler dans tous mes articles sur cette série, mais je pense une fois encore qu'elle gagnerait à laisser tomber complètement cet aspect.
Mais il y a pire : la tempête est de retour. Ils ont bel et bien repris la plus mauvaise idée du premier épisode ! Du coup, l'enjeu du scénario devient centré sur le surnaturel vers la moitié du jeu alors qu'on voudrait qu'il reste focalisé sur les personnages.
Bien sûr, des éléments fantastiques peuvent fonctionner s'ils sont bien utilisés. Dans le premier Life is Strange, le retour dans le temps était une idée géniale, car c'était aussi une mécanique de gameplay. Elle nous permettait de changer nos choix de dialogues lorsqu'on n'était pas satisfait. C'était nouveau et intéressant. On était amené à utiliser nos pouvoirs de la même façon que Max devait le faire : modifier des petites choses pour arriver au résultat espéré. Mais dans les autres jeux de la licence, je trouve que cet aspect a été complètement perdu et que le surnaturel est désormais uniquement une mécanique de scénario. Les pouvoirs servent juste à faire avancer l'histoire lorsqu'on nous le demande…

La Marvelisation de Life is Strange
Dans Double Exposure, le gimmick est plutôt intéressant. Je vous le laisserai découvrir, mais je l'ai trouvé très prometteur et j'avais hâte de voir ce qu'ils allaient en faire. Mais il y a un gros souci, le fantastique devient très vite une solution de facilité pour les scénaristes. En effet, dans une bonne histoire, un élément surnaturel est introduit et il est utilisé de plein de façons ingénieuses.
Mais dans ce jeu, Max gagne de nouveaux pouvoirs toutes les 30 minutes. Du coup, les règles changent constamment et on n'est jamais surpris par l'ingéniosité, on se dit sans arrêt "ah, elle peut faire ça aussi ?". À la fin du jeu, j'avais l'impression d'être dans une histoire de Marvel, et je vous promets que je n'exagère pas. Et je ne sais pas si c'est une conséquence de ça, mais Double Exposure est très plat et c'est le plus grand crime qu'il pouvait commettre. Car, contrairement à tous les autres jeux de la licence, je n'ai eu aucun moment d'émotion intense, rien qui a réussi à me faire sourire ou pleurer.
Le générique de fin nous annonce que "Max reviendra". Je ne sais pas si j'en ai vraiment envie. Je constate qu'il y a vraiment une grosse différence entre les jeux de Don't Nod et ceux de Deck Nine. Ces derniers semblent toujours être plus motivés par l’appât du gain que par l'envie d'écrire une belle histoire. Et ça se voit jusque dans le prix des jeux. Il suffit de regarder la différence entre Double Exposure et Bloom & Rage pour s'en convaincre. J'espère donc que s'il doit y avoir un autre Life is Strange, il sera développé par Don't Nod. Sinon, je ne suis même pas sûr que je m'y intéresserai…

Conclusion
Un épisode qui possède quelques qualités : un début très intéressant qui prend son temps, des personnages que l'on a envie de découvrir et un concept intriguant. Ensuite, vers la moitié du jeu, il décide d'orienter le scénario vers des éléments surnaturels inexpliqués dont les règles changent sans arrêt. Tout cela pour raconter une histoire très pauvre en émotions. Un beau gâchis…






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